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Declaration of French Delegates to General Assembly

27.10.2015General

The French Delegation of six trade union member organisations presented its joint declaration to the General Assembly on 20 October 2015. The declaration can be read hereafter in French. (Google translate this page into English - new window)

French delegation

Depuis quelques semaines, l’Europe connaît un afflux de réfugiés fuyant la guerre et la misère. Cette situation doit nous interpeller comme citoyens européens. Elle nous rappelle les valeurs constitutives de notre Europe qui s’est construite sur la diversité et la solidarité. Il convient donc de faire preuve aujourd’hui de générosité mais aussi de lutter contre la peur de l’autre et les réflexes de repli sur soi. L’intolérance est un danger pour l’Europe, soyons y attentifs.

Nous sommes aussi concernés comme membres d’une organisation syndicale représentant les salariés qualifiés en Europe. Ces personnes, dont beaucoup sont qualifiées ou très qualifiées, arrivent sur le marché du travail. Il nous appartient d’être attentifs à ce que leurs droits soient respectés au même titre que ceux des autres travailleurs sur le sol européen et veiller à ce que certains ne soient pas tentés de profiter de leur fragilité pour exploiter leurs qualifications à moindre coût. Il nous appartient de contribuer à faire de leur arrivée une chance pour l’économie de l’Europe.

Il y a un an, devant vous, les organisations syndicales françaises dénonçaient une austérité socialement, économiquement et politiquement suicidaire.

L’exemple de la Grèce où un peuple a vu son niveau de vie s’effondrer avec des réductions drastiques de salaire et de protection sociale n’illustre que trop bien l’absurdité de la seule approche par la réduction de la dette.

Pourtant, au-delà des discours, l’investissement nécessaire à haute échelle pour des emplois décents n'a pas été atteint.

Le chômage de masse est toujours un fléau en Europe et, nombre de salariés qualifiés, notamment parmi les jeunes diplômés, ont des emplois précaires avec des qualifications utilisées mais non reconnues et non payées. Par ailleurs, beaucoup de jeunes n’ont d’autres choix que d’accepter un emploi qui n'est pas en adéquation avec leur qualification.

Si nous voulons renouer avec la croissance, nous devons relancer l’investissement, l'élévation des niveaux de qualification avec la juste contrepartie en rémunération. Cela doit être un axe majeur de notre combat syndical au sein d’Eurocadres.

Nous devons revendiquer non seulement des emplois mais des emplois de qualité.

Il est vrai que de nouvelles formes de travail comme le portage, l'auto-entreprenariat, souvent en fausse indépendance, se développent aujourd’hui, notamment pour nos catégories. Cependant ces nouvelles formes atypiques peuvent apporter au salarié le pire comme le meilleur.

Le temps de travail compté en jours plutôt qu’en heures peut amener de la liberté et de l’autonomie aux salariés mais, s’il ne s’accompagne pas d’une maîtrise de la charge de travail, il conduit vite à des journées sans fin et à des semaines sans fin.

Pour les organisations françaises, les principes de santé physique et mentale, de sécurité au travail et de droit au repos sont fondamentaux. C’est pourquoi nous restons très attachés à l’interdiction de l’opt-out en matière de temps de travail.

Car les salariés qualifiés sont aujourd’hui devant un paradoxe : beaucoup sont écrasés par la charge de travail alors que d’autres sont au chômage, notamment les jeunes et les seniors.

Face à ce paradoxe, il ne doit pas y avoir de tabou et certains d’entre nous réfléchissent à travailler moins longtemps pour être plus nombreux à travailler.

Les technologies de l’information et de la communication peuvent permettre plus de liberté dans le travail mais trop de cadres sont victimes de ces technologies.

Face à des charges de travail inadaptées, à des objectifs démesurés, elles sont l’outil qui permet de remplacer par du temps de travail, le temps normalement consacré à la famille, aux loisirs, au sommeil, l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est alors rompu. Avec en conséquence, le stress, le burn out ou pire.

Sur ce sujet également, nous avons besoin de régulation, d’un droit des salariés à se déconnecter, un droit de dire STOP.

Le travail se veut aujourd’hui mobile.

Nous parlerons en détail de ce sujet cet après midi.

Nous rappellerons ici seulement que si nous ne sommes pas opposés à la mobilité qui peut être un atout pour les entreprises et les salariés, cette mobilité doit être volontaire et ne pas contraindre le conjoint dans sa propre évolution professionnelle.

C’est pourquoi les organisations syndicales françaises en coopération avec Eurocadres, ont dénoncé les dangers du projet de directive « trade secret ». Le projet actuel de directive n’est pas une réponse adaptée à l’espionnage industriel.

Il est dangereux pour la mobilité volontaire des salariés et aussi en terme de protection des lanceurs d’alerte.

La question de la responsabilité sociale est au cœur de l’activité des ingénieurs et des cadres. Les salariés en responsabilité doivent pouvoir dénoncer les pratiques guidées par la seule logique de profit qui mettent en cause l’intérêt général. Ces derniers temps, dans le secteur pharmaceutique ou plus récemment dans le secteur automobile avec l’affaire Volkswagen, les scandales éclatent les uns derrière les autres. Eurocadres doit continuer en lien avec les autres organisations syndicales, son combat en faveur de la protection des lanceurs d’alertes.

Parlons maintenant de l’organisation interne d’Eurocadres.

Il y a quelques semaines se tenait à Paris le Congrès de la Confédération Européenne des Syndicats, congrès qui a clairement affirmé une ligne combative et qui a vu la mise en place d’une nouvelle équipe.

Nous devons être attentifs à notre partenariat avec la CES, à un travail en convergence tout en réaffirmant notre autonomie revendicative et notre rôle de partenaire social européen reconnu.

Cette place d’Eurocadres dans le paysage social européen passe par une activité forte, reconnue et visible.

Si nous voulons renforcer notre activité avec un secrétariat de taille réduite, au-delà d’une nécessaire revalorisation importante de la cotisation, une plus grande implication des membres du Présidium et du Comité Exécutif nous semble nécessaire. En fonction des centres d’intérêts et de la disponibilité de chacun, la responsabilité de l’animation des axes de travail d’Eurocadres doit pouvoir être déléguée et mieux répartie parmi les membres.

Pour nous l’activité d’Eurocadres doit être de deux types, une activité institutionnelle et une activité au service des membres.

L’activité institutionnelle, placée dans le dialogue social Européen et en lien avec la CES consiste à faire entendre notre voix dans les institutions européennes et notamment auprès de la commission européenne et des membres du parlement européen et elle débouche sur les Opinion Papers. Cette activité est menée, avec des succès divers, mais il s’agit d’un travail dont les résultats doivent s’apprécier sur le long terme.

Parallèlement, nous devons travailler sur des sujets que nous choisissons et développer des analyses et des demandes  communes. C’est aussi un moyen pour les organisations membres de se rencontrer, de tisser des liens. C’est aussi, pour les organisations qui ne sont pas directement représentées au  Comité exécutif, la seule occasion de participer à l’activité d’Eurocadres entre deux assemblées générales.

Dans les années passées, cette activité s’appuyait sur des projets financés par l’Union Européenne. Force est de constater que ces financements sont devenus plus rares et plus difficiles à obtenir. Il est donc nécessaire d’accompagner d’avantage nos demandes de financement.

Pour renforcer notre activité, les organisations françaises ont une  proposition à vous faire.

Si, parmi nous, neuf pays s’engageaient à organiser une initiative chacun tous les 3 ans, nous nous verrions tous invités à trois initiatives chaque année.

Le thème serait bien sur choisi entre le pays organisateur et Eurocadres.

Le secrétariat pourrait assurer la coordination des différents projets et apporter son expertise à la fois sur les contenus, leur dimension européenne et également en matière de gestion de projets.

Le pays qui invite serait en charge de l’organisation et devrait en supporter les coûts. Mais je rappelle qu’il s’agit pour chaque organisateur d’une seule initiative tous les 3 ans.

Les participants prendraient en charge leurs frais de transports et le cas échéant d’hébergements … avec des solidarités entre nous qui pourraient se mettre en place.

Voici notre proposition que nous soumettons à votre réflexion. Car nous ne pouvons pas cesser de travailler ensemble au motif que la Commission rechigne à financer notre activité syndicale.

Dans cette logique, dans les semaines à venir, si le projet Recherche n’est pas retenu par la Commission Européenne, les organisations françaises étudieront la possibilité d’organiser une journée d’études en 2016, journée dont le thème serait défini avec Eurocadres et à laquelle chacune des organisations membres sera conviée.

Pour terminer, je tiens à dire que depuis le dernier Congrès d’Eurocadres, notre organisation s’est sensiblement transformée, de nouvelles choses se font et les organisations françaises apprécient ces changements et en remercient le secrétariat. Cependant l’activité a été insuffisante.

Donc, si nous voulons aller plus loin, pour avoir un « stonger impact », nous devons, nous le répétons,  avoir plus d’implications et plus d’ambitions. Cela veut dire un renforcement de nos moyens financiers et plus d’implication des membres.